Historique
du Château de la Bourdaisière

Le Moyen age

Si la silhouette du château de La Bourdaisière rappelle surtout la Renaissance il ne faut pas oublier que la naissance de La Bourdaisière est bien antérieure au XVIème siècle.
Dès le milieu du XIVème siècle, le sous-gouverneur de Touraine, le Maréchal Jean Ier le Meingre dit Boucicault, fit édifier à l’emplacement même du château actuel une forteresse destinée à défendre les abords de Tours contre les assauts des anglais.
De cette forteresse médiévale subsistent les fossés, ces douves sèches au nord et à l’est du château, une tour d’angle ainsi qu’un escalier à colimaçons descendant dans les douves au sud-est de la terrasse.
Cette forteresse se transmit par héritage pendant plusieurs générations jusqu’à sa première vente le 4 mai 1482 , vente dont l’acte est conservé aux archives départementales. La Bourdaisière fut alors achetée par le Maire de Tours de l’époque, Louis de La Mézière. C’est à partir de ce moment que La Bourdaisière allait connaître de multiples propriétaires au gré des ventes, échanges et successions.

La Renaissance

Le mariage au Château de Marie Gaudin, héritière de La Bourdaisière et Philibert Babou, descendant d’une grande lignée de notaires de Bourges , marque le début d’une première période de prospérité.
Marie Gaudin était réputée être « la plus belle femme de son temps ». Elle sera d’ailleurs la première maîtresse du Roi François Ier, ce qui aidera certainement la carrière de son époux. En effet Philibert Babou reçut du Roi de multiples charges et honneurs qui lui permirent d’asseoir sa fortune et de réaliser, vers 1518-1522, la reconstruction de la vieille forteresse médiévale en une demeure campagnarde, composée d’un châtelet d’entrée à haute toiture ouvrant sur un pont levis enjambant les douves, prolongé vers le nord d’une aile le reliant au donjon du moyen âge. C’est dans ce nouveau château que seront accueillis à plusieurs reprises le Roi François Ier puis ses successeurs lors de leurs passages en Touraine. Au décès de Marie Gaudin, veuve de Philibert Babou depuis quatorze ans, la Bourdaisière reviendra à leur fils aîné Jean II qui sera, entre autre, Grand-Maître de l’Artillerie du Royaume (ministre de la Défense). Compte tenu des temps troublés de cette époque par les guerres de religion il jugea préférable de fortifier le château en aménageant, en 1567-1568, la tour sud-est des remparts

L'époque classique

Dans la première moitié du 17ème siècle le nouveau propriétaire de La Bourdaisière, le Marquis Nicolas Gouffier de Crèvecœur construisit à l’emplacement de la basse-cour médiévale deux imposants bâtiments en équerre constituant les écuries, puis vers 1650 une somptueuse aile en bordure des douves dont il ne reste malheureusement rien mais qui est représentée sur une gravure comme un très grand logis cantonné par deux pavillons carrés. Cette magnifique construction entraîna son propriétaire à la ruine et le poussa à vendre le domaine en 1674. A partir de là, La Bourdaisière connaîtra plusieurs propriétaires et sera, lors du passage de la Princesse de La Tour d’Auvergne, le rendez-vous de toute la société mondaine tourangelle. En novembre 1768 le Duc de Luynes qui avait hérité du Château l’échangea avec le Duc de Choiseul qui lui apportait la baronnie de Cinq Mars la Pile.
Le domaine vivait alors ses dernières heures: lorsque le Duc de Choiseul fut exilé en son Château de Chanteloup, il ordonna la destruction du Château que le Marquis de Crèvecœur avait édifié cent vingt ans plus tôt, ne laissant que le donjon du Moyen Âge et le manoir des Babou.

La Révolution

La Bourdaisière, propriété de la Duchesse d’Orléans, Adélaïde de Bourbon Penthièvre épouse de « Philippe-Egalité », fut séquestrée au nom de la République et vendue comme « bien national » en Novembre 1794. Elle fut achetée par Armand Dubernad, négociant en vin breton qui entreprit dès son arrivée la construction d’un nouveau château, adossé au sud du manoir Babou de style massif, cubique, seulement décoré par un portique central « à l’antique ».

L'époque moderne

En 1802 les héritiers de Dubernad vendaient le Château à Joseph Angelier qui allait mener à La Bourdaisière une vaste campagne de restauration. Il fit ainsi « rhabiller » le château Directoire d’une façade néo-renaissance.
Le Baron Angelier combla les douves, démolit les trois pont levis et le donjon qui subsistaient de l’époque médiévale. Il transforma ce qui n’était alors qu’une maison de jardinier en une chapelle de style néo- gothique Tudor et dessina l’actuel potager.
Son fils Gustave Angelier redécora l’intérieur du château et construisit notamment la bibliothèque. Il épaula la terrasse d’un mur en briques de style Henri IV. Le troisième Baron Angelier, héritier de son père en 1890, compléta l’ensemble en faisant monter une tour à l’angle Nord-Ouest du château et en aménageant les écuries de somptueuses stalles.
Le château sera ensuite vendu en 1923 à une riche Américaine Mme de Mérinville qui embellit l’intérieur et l’extérieur, et reçut la visite du Duc de Windsor en 1937. Acheté par un Anglais en 1938 il sera occupé par les Allemands, puis à la libération par une école militaire. Rendu à ses propriétaires mais laissé à l’abandon, les écuries puis le parc seront inscrits aux Monuments historiques en mars 1947.
En 1959 après la vente aux enchères de l’ensemble des meubles le château fut vendu à la Commune de Montlouis qui y installa une maison de retraite. Le château ne répondant plus aux normes de sécurité et de confort il fut vendu en 1988, à Maître François Michaud puis le 2 septembre 1991 il fut finalement acquis par les Princes de Broglie.